Photo: Poenaru
Un des constats qui s’impose à propos des émotions du capitalisme est le suivant: nous vivons dans une société (de consommation) qui réprime les émotions, qui est intéressée de faire de nous des soldats de la guerre économique, des individus disciplinés (Foucault, 1975; Deleuze, 1990) qui produisent (des marchandises, des contenus numériques) et qui consomment au plus près de la relation stimulus-réponse. Des individus aux cognitions exploitées, minées, morcelées par l’économie de l’attention, mais sans débordements émotionnels, sans révolte et sans une conscience critique qui ne pourraient qu’entraver l’agenda à suivre... Or, paradoxalement, les émotions sont le socle du complexe neuro-cognitivo-comportemental, ce qui signifie qu’elles représentent la principale mine d’or de l’exploitation cognitive par les réseaux d’acteurs économiques de l'écosystème actuel. Autrement dit, les émotions sont réprimées dans les contextes sociaux et professionnels et, simultanément, surexploitée économiquement et politiquement par le même pouvoir qui prédit, contrôle et modèle l’individu de la société de consommation. Elles semblent donc avoir été hackées (signifiant que nos protections ont été contournées et notre intimité violée - problématique analysée également par les scientifiques qui s’intéressent à l’éthique du neuromarketing) par une systémique économiques constituée d’informaticiens, scientifiques, corporations, etc. dans le cadre d’une anthropo-cybercriminalité consensuelle, coproduite et comodifiée par les victimes au sein de l’Internet dit “participatif”.
Un hacker en informatique cherche à comprendre le fonctionnement intime des technologies pour les pirater (par curiosité, pour des raisons financières, par conscience politique, par vengeance ou envie de nuire, etc.). Il semble que ce modèle a permis l’émergence simultanée (par contamination virale?) de l’anthropo-hacking. Cette systémique est bidirectionnelle dans le rapport à l’individu (et à la société): elle exploite d’un côté, elle suralimente de l’autre (sur le plan neuro-cognitivo-comportemental et somatique) afin de s’assurer un double profit fondé sur des boucles de rétroaction.
Tous
hackés,
détruits,
emprisonnés
dans
des
bulles
de
filtres
et
des
bulles
spéculatives,
surexploités,
suralimentés,
saturés,
anxieux,
épuisés,
réduits
à
l’entité
stimulus-réponse?
La réalité augmentée du posthumain, pourvue de multiples appareils, est-ce toute cette réalité qui fragilise tout en fournissant les prothèses pour "rester en vie"?
Poenaru, work in progress.
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