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Résumé
Contexte
La guerre totale, fractale et transversale (Alliez & Lazzarato, 2016) du cybercapitalisme n’est pas la guerre militaire ou interétatique du temps de Freud et d’Einstein, tout en conservant la part de psychose, d’anéantissement et de sacrifice que questionne Einstein dans sa correspondance avec Freud (Einstein et Freud, 1933). La guerre du capital a lieu dans-pour-contre la population afin de fabriquer l’inconscient économique et des subjectivités consommables-consuméristes-productivistes aptes à s’enrôler dans un système belliqueux indéfini et infini, se déclinant en une multiplicité de guerres qui ne répondent plus à l’équation « paix-crise-guerre-solution ». Le principal problème soulevé par ce contexte est non seulement le caractère foncièrement inconscient de cette dynamique, mais son absence des études cliniques et théoriques qui semblent être en collusion avec la propagande des pouvoirs dominants qui déterminent les pensées dominantes de toutes les époques.
Objectifs
Cette recherche est élaborée autour de quatre principaux objectifs. Le premier est d’alimenter le débat concernant notre participation involontaire (en tant que citoyens et/ou professionnels de la santé) à la guerre totale. Le second objectif est d’apporter des éléments théoriques permettant de mieux comprendre le modus operandi, l’arsenal de la guerre psychologique cybercapitaliste (GPC) ainsi que quelques mécanismes et dynamiques qui s’y attachent. Le troisième objectif souhaite articuler ce qui précède aux données médicales et épidémiologiques qui semblent prouver les ravages provoqués par la GPC. Le quatrième objectif est d’interroger des pistes cliniques permettant d’élaborer les refoulements et les conditionnements de ce contexte.
Méthode
Le cadre théorique de ce travail de nature qualitative et interprétative s’inspire des études critiques, de la psychanalyse, des neurosciences, de la médecine et de l’épidémiologie.
Résultats
Le croisement des diverses perspectives théoriques montrent : l’actualité du programme PSYOP lancé par les États-Unis au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale ; l’immobilisation des soldats de la GPC dans la simultanéité de la triade fight-flight-freeze ; le rôle de la neuroculture et de ses modifications du complexe neuro-cognitivo-comportemental et émotionnel (qui ne respectent pas les droits de l’homme) ; l’exploitation de la matrice sociale de la guerre par les réseaux sociaux ; l’injection jusqu’à saturation d’objets « non-self » prédateurs et pathogènes provoquant des défenses psycho-somatiques auto-immunes aberrantes pouvant entraîner des maladies auto-immunes (conçues comme une « guerre contre soi ») ; la pathologisation inquiétante des jeunes générations de plus en plus exposées aux stratégies de la guerre totale.
Interprétation
Les données examinées exigent une adaptation urgente des perspectives cliniques et théoriques pour prendre en considération à la fois les effets sanitaires plus qu’inquiétants ainsi que le refoulement des mécanismes et des conséquences de la guerre totale par les professionnels de la santé. En outre, les cliniciens sont invités à contribuer aux débats publics et politiques dans l’objectif de favoriser l’avènement de nouvelles lois qui protègent efficacement la dignité humaine et les droits de l’homme.
Abstract
Context
The total, fractal and transversal war (Alliez & Lazzarato, 2016) of cybercapitalism is not the military or interstate war of Freud's and Einstein's time, while preserving the share of psychosis, annihilation and sacrifice that Einstein questions in his correspondence with Freud (Einstein & Freud, 1933). Capital's war takes place in-for-against the population, in order to fabricate the economic unconscious and consumable-consumerist-productivist subjectivities capable of enrolling in an indefinite and infinite warfare system, taking the form of a multiplicity of wars that no longer respond to the “peace-crisis-war-solution” equation. The main problem raised by this context is not only the fundamentally unconscious nature of this dynamic, but its absence from clinical and theoretical studies, which seem to be in collusion with the propaganda of the dominant powers that determine the dominant thinking of all times.
Objectives
This research has four main objectives. The first is to contribute to the debate concerning our involuntary participation (as citizens and/or health professionals) in total war. The second objective is to provide theoretical elements for a better understanding of the modus operandi and arsenal of cybercapitalist psychological warfare (CPW), as well as some of its mechanisms and dynamics. The third objective is to link the foregoing to medical and epidemiological data that seem to prove the ravages caused by CPW. The fourth objective is to explore clinical approaches that could elaborate on the repressions and conditionings of this context.
Method
The theoretical framework of this qualitative and interpretative work is inspired by critical studies, psychoanalysis, neuroscience, medicine, and epidemiology.
Results
The intersection of various theoretical perspectives shows: the relevance of the PSYOP program launched by the United States at the outbreak of the Second World War; the immobilization of CPW soldiers in the simultaneity of the fight-flight-freeze triad; the role of neuroculture and its modifications of the neuro-cognitive-behavioral and emotional complex (which do not respect human rights); the exploitation of the social matrix of war by social networks; the injection to saturation point of predatory and pathogenic “non-self” objects provoking aberrant autoimmune psycho-somatic defenses that can lead to autoimmune diseases (conceived as a “war against self”); the alarming pathologization of younger generations increasingly exposed to total war strategies.
Interpretation
The data reviewed call for an urgent adaptation of clinical and theoretical perspectives to take into account both the more than disturbing health effects and the repression of the mechanisms and consequences of total war by health professionals. In addition, clinicians are invited to contribute to public and political debates, with the aim of promoting the advent of new laws that effectively protect human dignity and human rights.
Liviu Poenaru
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