
Le plus important pour les réseaux sociaux, pour l’engagement en ligne et pour l’exposition à la publicité (principaux objectifs de cette industrie), est que les stimuli visuels et émotionnels négatifs (source de peur et d'anxiété) entraînent un maintien automatique de l'attention sur les écrans. Du point de vue des réflexes fight-flight-freeze mobilisés par cette dynamique, cela semble produire simultanément une lutte-guerre (voire l’explosion des ventes de jeux vidéo de guerre dans le chapitre consacré à la propagande), une fuite de la réalité et une immobilisation (freeze) de l’individu sur des écrans. Autrement dit, le cybercapitalisme parvient à exploiter en même temps trois réflexes qui, dans le règne animal, surviennent comme des alternatives séquentielles. Cela a lieu grâce à l’emprisonnement dans un cercle vicieux du négatif qui semble très lucratif (et très pathogène) et qui rappelle le syndrome de Stockholm : on ne peut qu’aimer son prédateur ! Tout cela pourrait être expliqué à la fois par le dosage savant de récompenses-punitions (comme le suggère Wylie, 2019), par le clickbait*, par le doomscrolling*, par la contamination sociale et émotionnelle, par l'induction de l'addiction ordinaire, mais aussi par la prédation scopique volontairement anxieuse devenue une valeur sure du trafic Internet. C’est un véritable trafic d’armes de guerre (psychologique et économique) !
Extrait de L. Poenaru, L'inconscient économique (in press).


Écouter, dans un cadre clinique, l’énonciation individuelle dans sa singularité, c’est écouter un orchestre symphonique où joue simultanément ou alternativement les instruments du pouvoir, de l’esthétique, du social, de la guerre économique, de l'Histoire, de l’histoire subjective et de ses conditionnements, de l’affect, du sexuel, de la vie, de la mort, du chaos, de l’infini.
L. Poenaru, L'inconscient économique (in press).

Traiter l’inconscient
sans la perspective critique
et sans
le tiers théorique
n’est-il pas
une manière
de reconsolider
l’inconscient normatif?